Katsushika Hokusai est aujourd’hui l’un des artiste japonais le plus célèbre à travers le monde. Son œuvre peint, dessiné et gravé incarne la spiritualité et l’âme de son pays, particulièrement dans ses estampes de paysages, synthèse des principes traditionnels de l’art japonais et des influences occidentales. Hokusai laisse une production monumentale, comprenant des milliers d’œuvres remarquables tant par leur qualité esthétique que par leur variété stylistique : peintures, dessins, gravures, livres illustrés, manuels didactiques. Il est toutefois surtout connu du grand public pour ses estampes.
La collection des Hokusai manga, que l’on peut traduire par les Carnets de croquis d’Hokusai, est un de ces ensembles les plus célèbres. Elle comprend des milliers de croquis répartis dans une quinzaine de carnets, dont le premier fut publié en 1814. Hokusai a su saisir et reproduire de nombreuses situations avec minutie et humour. Les mangas montrent ainsi des visiteurs du bain public, des promeneurs, des travailleurs dans les rizières, des nobles se prélassant, des soldats et leurs armes, des scènes érotiques, des créatures mythologiques… Certaines s’apparentent presque à des croquis qu’on pourrait qualifier de scientifiques, mettant l’accent sur une partie d’anatomie, un animal ou un objet reproduit de nombreuse fois sous tous les angles. Ce sont aussi, par la présence de nombreuses images présentant des gens du commun ou des noble dans des situations ordinaires, des témoignages complets et précis de la vie quotidienne du Japon contemporain d’Hokusai.
Les œuvres d’Hokusai s’inscrivent dans le mouvement ukiyo-e (XVIIe – XIXe siècle au Japon), qui peut être traduit par « images du monde flottant ». Les estampes tirées de planches de bois en sont le médium principal. Un faible coût de production permet leur diffusion à toutes les classes la société japonaise, par opposition à la peinture traditionnelle plutôt réservée à l’élite. En écho à cette accessibilité, les sujets représentés se diversifient également : nature, animaux, histoires et personnages mythologiques, paysages et scènes de la vie quotidienne sont mis à l’honneur.
Il s’agit pour cette estampe d’une créature fantastique très présente dans les bestiaires chinois et japonais. Le dragon est un sujet récurrent de l’art japonais, et une des créatures mythologiques souvent animée par Hokusai. Associés aux étendues d’eau, aux nuages et au ciel, les dragons japonais (ryu) sont les gardiens des divinités liées à ces éléments. De nombreux sanctuaires et autels sont érigés en leur honneur, près des côtes ou sur les berges des rivières dans la plupart des cas. La tradition japonaise veut que le dragon ne soit que partiellement représenté, en général au milieu d’une gerbe d’eau ou d’un panache de brume, pour signifier son unicité avec l’élément. On note aussi que le dragon japonais possède trois griffes ici bien visibles, au lieu des quatre ou cinq du dragon chinois. Le travail des nuages en transparence et du mouvement tout en fluidité du dragon est notable dans cette production.