Katsushika Hokusai est aujourd’hui l’un des artiste japonais le plus célèbre à travers le monde. Son œuvre peint, dessiné et gravé incarne la spiritualité et l’âme de son pays, particulièrement dans ses estampes de paysages, synthèse des principes traditionnels de l’art japonais et des influences occidentales. Hokusai laisse une production monumentale, comprenant des milliers d’œuvres remarquables tant par leur qualité esthétique que par leur variété stylistique : peintures, dessins, gravures, livres illustrés, manuels didactiques. Il est toutefois surtout connu du grand public pour ses estampes.
Les œuvres d’Hokusai s’inscrivent dans le mouvement ukiyo-e (XVIIe – XIXe siècle au Japon), qui peut être traduit par « images du monde flottant ». Les estampes tirées de planches de bois en sont le médium principal. Un faible coût de production permet leur diffusion à toutes les classes la société japonaise, par opposition à la peinture traditionnelle plutôt réservée à l’élite. En écho à cette accessibilité, les sujets représentés se diversifient également : nature, animaux, histoires et personnages mythologiques, paysages et scènes de la vie quotidienne sont mis à l’honneur.
Il s’agit ici d’un genre de l’ukiyo-e, le fukei-ga, ou peinture de paysage, dont Hokusai et Hiroshige sont des représentants à l’époque Edo.
Le fukei-ga s’allie aussi dans cette œuvre au genre du meisho-e, qui se traduit par la peinture de vues célèbres. Cette pratique consiste à identifier et représenter les caractéristiques les plus reconnaissable d’un lieu célèbre, de façon que le public puisse aisément l’identifier. L’image ne se doit pas forcément d’être particulièrement réaliste : le renvoi peut être symbolique. Le meisho-ga mélange souvent peinture de paysage, de saison et de poésie. Il est ici impliqué par la présence du célèbre mont Fuji en toile de fond.
Le paysage forme un cadre pour un groupe de trois femmes et deux hommes. Les dames sont richement vêtues, l’une d’elle est assise dans une chaise à porteurs – les deux hommes habillés plus humblement sont visiblement en charge de ce transport. Le groupe semble s’être arrêté pour une halte au bord de la rivière. Le cours d’eau est matérialisé par des vaguelettes à sa surface et des voiles dans le lointain. Le mont Fuji se dessine entre les pins à l’arrière-plan gauche. Hokusai a ajouté au premier plan une pierre qui signale l’intersection, détail qui ajoute encore en réalisme. Cette estampe à une grande qualité de dessin et de colorisation, et présente avec vivacité une scène que l’on pouvait régulièrement croiser sur les routes japonaises.