Katsushika Hokusai est aujourd’hui l’un des artiste japonais le plus célèbre à travers le monde. Son œuvre peint, dessiné et gravé incarne la spiritualité et l’âme de son pays, particulièrement dans ses estampes de paysages, synthèse des principes traditionnels de l’art japonais et des influences occidentales. Hokusai laisse une production monumentale, comprenant des milliers d’œuvres remarquables tant par leur qualité esthétique que par leur variété stylistique : peintures, dessins, gravures, livres illustrés, manuels didactiques. Il est toutefois surtout connu du grand public pour ses estampes.
Le Hokusai gafu se traduit par « album de dessins d’Hokusai » ; c’est un ensemble de planches d’estampes en trois volumes dont la dernière édition date de 1849. Cette estampe fait partie de cette série.
Les œuvres d’Hokusai s’inscrivent dans le mouvement ukiyo-e (XVIIe – XIXe siècle au Japon), qui peut être traduit par « images du monde flottant ». Les estampes tirées de planches de bois en sont le médium principal. Un faible coût de production permet leur diffusion à toutes les classes la société japonaise, par opposition à la peinture traditionnelle plutôt réservée à l’élite. En écho à cette accessibilité, les sujets représentés se diversifient également : nature, animaux, histoires et personnages mythologiques, paysages et scènes de la vie quotidienne sont mis à l’honneur.
Il s’agit ici d’un genre de l’ukiyo-e, le fukei-ga, ou peinture de paysage, dont Hokusai et Hiroshige sont des représentants à l’époque Edo.
Le paysage est un cadre à une scène de vie impliquant des contemporains d’Hokusai. Surpris sur la plaine par un vent vif, quatre personnages adultes et un enfant se protègent du mieux qu’ils peuvent. Mais leurs vêtements battent au vent et un chapeau s’est envolé, tandis que les autres sont maintenus par leurs propriétaires. En accord avec la gestuelle des personnages et le mouvement de leurs habits, la végétation qui les entoure ploie avec autant de force sous les rafales. Les vêtements des protagonistes et le ciel en arrière-plan sont teint dans un bleu marquant, qui vient mettre en valeur la finesse du dessin. Découvert accidentellement par un peintre allemand au début du XVIIIe siècle, le bleu de Prusse fut introduit au Japon dans les années 1820 par les marchands hollandais. Hokusai utilisa ce pigment pour la première fois en 1829, appréciant son intensité et sa résistance comparé aux autres pigments. La censure artistique obligeant aussi les artistes à n’utiliser qu’un nombre limité de couleurs, ce bleu fut particulièrement apprécié pour les nombreuses nuances différentes qu’il permettait d’obtenir. Comme ici, des teintes bleues ressortent fréquemment des estampes d’Hokusai.
Cette estampe montre avec une acuité non dénuée d’humour et un remarquable sens du mouvement l’histoire d’un désagrément ordinaire dans la vie quotidienne sous l’ère Edo.